Robert De Craon Admin
Nombre de messages : 1339 Age : 53 Habitation : Aix-en-Provence Nord, Sud, Est, Ouest : SE Alliance : [ODT] Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: La règle des templiers - 001 à 020 Lun 9 Avr - 18:14 | |
| LA RÈGLE PRIMITIVE DE L'ODRE DU TEMPLE
Le prologue
1. Nous parlons tout d’abord à tous ceux qui méprisent secrètement leur propre volonté et qui désirent servir avec courage la chevalerie du souverain roi et à ceux qui veulent accomplir et qui accomplissent, avec assiduité, la très noble vertu d’obéissance. Nous vous avertissons, vous, qui avez mené jusqu’ici la chevalerie séculière, en laquelle 0Jésus-Christ ne fut pas mis en témoignage, mais que vous avez embrassée par faveur humaine, que vous serez parmi ceux que Dieu a élus de la masse de perdition et qu’il a choisis, par son agréable pitié, pour défendre la Sainte Eglise afin que vous vous hâtiez de vous ajouter à eux perpétuellement.
2. Avant toute chose, que ceux qui sont chevaliers du Christ choisissent une sainte conversion dans leur profession, à laquelle il convient d’ajouter une grande diligence et une persévérance ferme, digne, saine et spirituelle, car il est reconnu que si elle est gardée avec pureté et durée, ils peuvent mériter d’avoir une place parmi les martyrs qui donnèrent leur âme pour Jésus-Christ. Dans cette religion, l’ordre de la chevalerie refleurit et ressuscite. Cet ordre méprisait naguère l’amour de la justice, ce qui cependant appartenait à son action, et ne faisait pas ce qui lui incombait, qui est de défendre les pauvres, les veuves, les orphelins et les églises. Au contraire, il s’efforçait de harceler, de dépouiller et de tuer. Le seigneur Dieu nous adoptera, ainsi que notre sauveur Jésus-Christ qui a envoyé ses amis dans les marches de France et de Bourgogne depuis la Sainte cité de Jérusalem qui ne cessent d’offrir leurs âmes à Dieu pour notre salut et pour que se répande la vraie Foi, ce qui est un plaisant sacrifice.
3. C’est ainsi qu’en toute joie et toute fraternité, nous nous assemblâmes à Troyes, grâce aux prières de Maître Hugues de Payns par qui ladite chevalerie commençât, avec la grâce du Saint Esprit, pour la fête de Monseigneur Saint Hilaire, en l’an l’incarnation de Jésus-Christ mil cent vingt-huit, la neuvième année depuis le commencement de ladite chevalerie. Ensemble, nous entendîmes, de la bouche même de frère Hugues de Payns, comment fut établi cet ordre de chevalerie et, selon notre jugement, nous louâmes ce qui nous sembla profitable ; tout ce qui nous sembla superflu, nous le supprimâmes.
4. Et tout ce qui, dans cette réunion, ne put être dit ou raconté, ou oublié, nous le laissâmes, avec sagesse, à la discrétion de notre honorable père, sire Honorius et du noble patriarche de Jérusalem, Etienne de la Ferté qui connaissait le mieux les besoins de la terre d’Orient et des pauvres chevaliers du Christ. Tout cela, ensemble, nous l’avons approuvé. Maintenant, et parce qu’un grand nombre de pères s’assemblèrent dans ce concile et approuvèrent ce que nous avons dit, nous ne devons pas passer sous silence les véritables sentences qu’ils dirent et jugèrent.
5. Donc, moi, Jean Michel, par la grâce de Dieu, je méritai d’être l’humble écrivain de la présente règle, comme me le demanda le concile et le vénérable père Bernard, abbé de Clairvaux, qu’on avait chargé de ce divin travail.
Les noms des pères qui étaient au Concile
6. Premièrement, c’était Matthieu, évêque d’Albano, par la grâce de Dieu légat de la Sainte Eglise de Rome ; Renaud, archevêque de Reims ; Henri, archevêque de Sens ainsi que leurs suffrageants ; Josselin, évêque de Soissons ; l’évêque de Paris ; l’évêque de Troyes ; l’évêque d’Orléans ; l’évêque d’Auxerre ; l’évêque de Meaux ; l’évêque de Châlons ; l’évêque de Laon ; l’évêque de Beauvais ; l’abbé de Vézelay qui fut, par la suite, élu archevêque de Lyon et légat de l’Eglise de Rome ; l’abbé de Cîteaux ; l’abbé de Pontigny ; l’abbé de Trois-Fontaine ; l’abbé de Saint-Denis de Reims ; l’abbé de Saint-Etienne de Dijon ; l’abbé de Molesmes et Bernard, abbé de Clairvaux, déjà nommé, etc . Ils louèrent tous cette sentence avec franchise. Il y avait aussi maître Aubri de Reims, maître Fouchier et plusieurs autres, ce qui serait long à raconter. Il y en avait d’autres, pas plus lettrés, pour lesquels nous pouvons dire que la chose la plus profitable que nous puissions garantir est qu’ils aiment la vérité : c’est à savoir le comte Thibaud, le comte de Nevers et André Baudement. En leur qualité, ils étaient au concile et, avec un souci particulier, ils examinèrent ce qui leur semblait bien et délaissèrent ce qui leur semblait sans raison.
7. Il y avait aussi frère Hugues de Payens, maître de la chevalerie, qui avait amené avec lui quelques frères : frère Rotland, frère Godefroy, frère Geoffroy Bissot, Frère Payen de Montdidier, frère Archambaud de Saint-Amand. Maître Hugues, avec ses disciples, fit savoir aux pères, après s’en être souvenu, comment prit naissance l’observance d’après ce qui est dit : Ego principium qui est loquor vobis ; c’est-à-dire : "Depuis le commencement je suis la parole".
8. Il plut au concile que les avis qui furent donnés et examinés avec diligence, suivant l’étude de la Sainte Ecriture, fussent mis par écrit afin qu’on ne les oublie pas, cela avec la prévoyance de monseigneur Honorius, pape de la Sainte Eglise de Rome, du patriarche de Jérusalem et du consentement de l’assemblée et par l’approbation des pauvres chevaliers du Christ du Temple qui se trouve à Jérusalem.
LES RÈGLES DE LA PAUVRE CHEVALERIE DU TEMPLE
De la manière d’entendre l’office divin
9. Vous, qui renoncez à vos propres volontés pour être les serviteurs du souverain roi, par les chevaux et par les armes, pour le salut de vos âmes et cela à jamais, vous devez toujours, avec un pur désir, entendre les matines et l’office divin en entier, selon les observances canoniales et les us des maîtres réguliers de la Sainte Cité de Jérusalem. Pour cela, vénérables frères, Dieu est avec vous, car vous avez promis de mépriser le monde perpétuellement pour l’amour de Dieu et aussi les tourments de votre corps : repus de la chair divine, pleins de commandements de notre Seigneur, nous vous disons qu’après l’office divin, personne ne doit craindre d’aller à la bataille. Soyez prêts à vaincre pour la divine couronne.
10. Mais si, pour les besoins de la maison et pour ceux de la chrétienté d’Orient, chose qui adviendra souvent, un frère est envoyé hors de la maison et qu’il ne puisse entendre le service de Dieu, il doit dire pour matines treize patenôtres ; pour chacune des heures, sept, et pour les vêpres, neuf. Mais nous préférons qu’ils disent l’office ensemble. Pour ceux à qui il est commandé d’aller pour ces besoins et qui ne pourront entendre les heures établies pour le service de Dieu, il est précisé qu’ils n’en sont pas dispensés pour autant et qu’ils doivent rendre la dette à Dieu.
Des frères morts
11. Lorsqu’un frère passe de vie à trépas, chose que personne ne peut éviter, nous demandons de chanter la messe pour le repos de son âme et l’office doit être fait par les prêtres qui servent le souverain prêtre, car c’est à vous qu’il appartient d’exercer la charité. Là ou se trouve le corps, tous les frères qui sont présents doivent dire cent patenôtres durant les sept jours qui suivent. Et tous les frères qui sont du commandement de cette maison doivent dire les cent patenôtres, comme il est dit ci-dessus, pour implorer la pitié de Dieu. Nous prions aussi et commandons par notre autorité pastorale, qu’un pauvre soit nourri de viande et de vin jusqu’au quarantième jour en souvenir du frère mort, comme s’il était encore vivant. Toutes les autres offrandes, lesquelles sont faites sans discrétion pour la mort d’un frère, en la solennité de Pâques et aux autres fêtes, et que les pauvres chevaliers du Temple ont coutume de faire de leur propre volonté, nous les défendons expressément.
12. Mais, de jour comme de nuit, avec le grand courage qui est donné par la profession, que chacun puisse se comparer avec le plus sage des prophètes qui dit : Calicem salutaris accipiam, c’est-à-dire : "Je prendrai le calice du salut" ; qui est encore : "Je vengerai la mort de Jésus-Christ par ma mort". Car ainsi que Jésus-Christ sacrifia son corps pour mon salut, je suis prêt de la même manière à mettre mon âme au service de mes frères. Cela est une offrande convenable ; là est le véritable sacrifice bien plaisant à Dieu.
Des frères qui sont debout au moutier[/color=red]
13. Il nous a été dit, et nous l’avons entendu par de véritables garanties, que sans aucune mesure et sans tempérance, vous entendiez debout l’office divin. Cette manière, nous ne la commandons pas mais nous la délouons. Mais nous commandons, tant aux forts qu’aux faibles, afin d’éloigner le scandale, de chanter assis le psaume qui se nomme Venite, avec tout l’invitatoire et l’hymne. Que les frères disent leurs oraisons en silence, simplement, sans crier ; celui qui parle haut détourne les autres frères de leurs prières.
14. A la fin des psaumes, quand on chante le Gloria Patri en l’honneur de la Sainte-Trinité, levez-vous et courbez-vous ; les faibles et les malades inclineront seulement la tête. Nous commandons de faire toujours de cette manière et lorsque l’évangile se lira et que le Te Deum laudanus se chantera, et jusqu’à ce que les laudes commencent et que les matines soient terminées, les frères resteront debout. De la même manière, nous commandons d’être debout aux matines et à toutes les heures de Notre-Dame.
[color=red]Comment ils doivent manger[/color=red]
15. Au palais, qui serait mieux de nommer réfectoire, les frères doivent manger ensemble. Mais contre l’exemple d’autres gens qui n’en ont pas coutume, il convient que vous n’ayez aucune rancune, chose qui est nécessaire pour vous tous et en privé, cela en toute humilité et révérence, car l’apôtre dit : Manduca panem tuum cum silentio, c’est à dire, "Mange ton pain en silence". Et le psalmiste ajoute : Posui ori meo custodiam, c’est à dire : "Je mets une garde à ma bouche", ce qui veut dire : "Je pense ne pas faillir avec ma langue", ce qui veut dire encore : "Je garde ma bouche afin de ne pas mal parler".
[color=red]De la lecture[/color=red]
16. En tout temps, pour le dîner et le souper du couvent, qu’il soit lu la sainte leçon, si cela peut-être. Si nous aimons Dieu et toutes ses saintes paroles et ses saints commandements, nous devons la désirer et l’écouter attentivement. Le lecteur qui lit la leçon vous enseigne à garder le silence dès qu’il commence à lire.
[color=red]De la viande[/color=red]
17. Trois fois par semaine, il suffit que vous mangiez de la viande. Il en est de même à la fête de la Nativité de Notre Seigneur, à la fête de la Toussaint, aux fêtes de Notre-Dame ou à celles des douze apôtres. Car si vous avez coutume de manger de la viande, vous aurez une mauvaise corruption de votre corps. Mais s’il advient que le mardi soit un jour de jeûne, jour pendant lequel on ne doit pas manger de viande, il en sera donné le lendemain. Le dimanche, il sera donné deux plats de viande à tous les frères du Temple, aux chapelains et aux clercs, cela en l’honneur de la Sainte Résurrection de Jésus-Christ. Les autres habitants de la maison, à savoir les écuyers et les sergents, se contenteront d’un plat, et que, pour cela, ils rendent grâce à Dieu.
[color=red]Des écuelles et des verres[/color=red]
18. En ce qui concerne la disposition des écuelles, que les frères mangent deux à deux afin que l’un se pourvoie de l’autre, qu’ils apprécient la vie dans l’abstinence et dans le fait de manger en commun. Il nous semble juste chose que chacun des frères ait une mesure égale de ration de vin dans son verre
[color=red]Des mets les jours de semaine[/color=red]
19. Les autres jours de la semaine : c’est à savoir : le lundi, le mercredi et même le samedi, les frères auront deux plats ou trois, de légumes ou de soupe et nous entendons que ce soit suffisant et nous commandons que cela soit tenu, cela pour que si un frère ne mange d’un plat, il mange de l’autre.
[color=red]Des mets du vendredi
20. Le vendredi, qu’il soit donné à toute la congrégation de la viande de carême, en révérence de la passion de Jésus-Christ. Nous demandons de jeûner de la fête de la Toussaint jusqu’à Pâques, sauf lorsque ce sera la fête de Noël, la fête de Notre-Dame ou la fête d’un des douze apôtres. Mais les frères faibles et malades ne sont pas tenus au jeûne. De Pâques à la Toussaint, ils peuvent manger deux fois par jour, à moins qu’il n’y ait un jeûne général. | |
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