Ordre Des Templiers ( s16v2, s3v3, s5v3 )
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 La chute de l’Ordre

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Robert De Craon
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MessageSujet: La chute de l’Ordre   La chute de l’Ordre Icon_minitimeLun 9 Avr - 1:54

La chute de l’Ordre

La chute de l’ordre du Temple fait également l’objet d’une polémique. Elle serait le fait du roi de France Philippe IV le Bel qui aurait agi dans le but unique de s’approprier le trésor des Templiers.

Cependant, les raisons pour lesquelles l’ordre a été décimé sont beaucoup plus complexes et celles exposées ci-dessous n’en représentent probablement qu’une infime partie.

Les raisons : La chute de Saint-Jean d’Acre (28 mai 1291)

Une des premières raisons fut la perte de la ville de Saint-Jean d’Acre, qui entraîna celle de la Terre sainte. En effet, le 28 mai 1291, les croisés perdirent Acre à l’issue d’une bataille sanglante. Les chrétiens furent alors obligés de quitter la Terre Sainte et les ordres religieux tels que les Templiers ainsi que les Hospitaliers n’échappèrent pas à cet exode.

Or, une fois en Occident, la question de l’utilité de l’ordre du Temple s’est posée car il avait été créé à l’origine pour défendre les pèlerins allant à Jérusalem sur le tombeau du Christ.

Le Temple, bras armé du pape

La plus célèbre des querelles entre un pape et un roi est sans doute celle qui a opposé Philippe IV le Bel à Boniface VIII, ce dernier ayant affirmé la supériorité du pouvoir papal sur le pouvoir temporel des rois, en publiant une bulle en 1302 : Unam Sanctam.

La réponse du roi de France arriva sous la forme d’une demande de concile aux fins de destituer le pape, lequel excommunia en retour Philippe le Bel et toute sa famille par la bulle Super Patri Solio .

Boniface VIII mourut le 11 octobre 1303. Son successeur, Benoît XI, eut un pontificat très bref puisqu’il meurt à son tour le 7 juillet 1304. Clément V fut élu pour lui succéder le 5 juin 1305.

Or, à la suite de la chute d’Acre, les Templiers se retirent à Chypre puis revinrent en France occuper leurs commanderies.

Les Templiers possédaient des richesses immenses, augmentées par les biens issus du travail de leurs commanderies (bétail, agriculture...) mais (surtout ?) ils possèdaient une puissance militaire équivalente à quinze mille hommes dont mille cinq cents chevaliers entraînés au combat, force entièrement dévouée au pape. Par conséquent, une telle force ne pouvait que se révéler gênante pour le pouvoir en place. Il est à ajouter que les légistes royaux, formés au droit romain, cherchaient à exalter la puissance de la souveraineté royale. Or, la présence du Temple en tant que juridiction papale limitait grandement le pouvoir du roi sur son propre territoire. L’attentat d’Anagni est un des reflets de cette lutte des légistes pour assurer un pouvoir aussi peu limité que possible au roi. La position des légistes en tant que conseillers du roi a sûrement eu une influence sur Philippe le Bel.

La fusion du Temple et de l’Hôpital

Certains historiens prêtent une part de responsabilité dans la perte de l’ordre à Jacques de Molay, maître du Temple élu en 1293 à Chypre après la perte de Saint-Jean d’Acre. En effet, suite à la perte d’Acre, un projet de croisade germa de nouveau dans l’esprit de certains rois chrétiens mais aussi et surtout dans celui du pape Clément V. Le pape désirait également une fusion des deux ordres militaires les plus puissants de Terre Sainte et le fit savoir dans une lettre qu’il envoya à Jacques de Molay en 1306. Le maître y répondit par une autre lettre dans laquelle il s’opposait à cette idée, sans pour autant être catégorique. Cependant, les arguments qu’il avança pour étayer ses propres idées étaient bien minces ...

L’arrestation des Templiers : Une action bien préparée

L’idée de détruire l’Ordre du Temple était déjà présente dans l’esprit du roi Philippe IV le Bel, mais ce dernier manquait de preuves et d’aveux afin d’entamer une procédure.

Ce fut chose faite grâce à un atout majeur déniché par Guillaume de Nogaret en la personne d’un ancien Templier : Esquieu de Floyran.

Celui-ci avoua en 1305 au roi de France les pratiques obscènes des rites d’entrée dans l’ordre et Philippe le Bel, personnage très pieux, fut choqué par de tels actes. Il écrivit donc au Pape pour lui faire part du contenu de ces aveux.

En même temps, Jacques de Molay, au courant de ces rumeurs, demanda une enquête pontificale au pape. Ce dernier la lui accorda le 24 août 1307.

Cependant, Philippe le Bel était pressé. Il n’attendit pas les résultats de l’enquête et dépêcha des messagers le 14 septembre 1307[63] à tous ses sénéchaux et baillis, leur donnant des directives afin de procéder à l’arrestation massive des Templiers en France au cours d’une même journée, le vendredi 13 octobre 1307[64]. Le but de cette action menée sur une journée fut de profiter du fait que les Templiers étaient disséminés sur tout le territoire et ainsi d’éviter que ces derniers, alarmés par l’arrestation de certains de leurs frères, ne se regroupent et deviennent alors difficile à arrêter.

Le vendredi 13 octobre 1307

Au matin du 13 octobre 1307, Guillaume de Nogaret et des hommes d’armes pénètrèrent dans l’enceinte du Temple de Paris où résidait le maître de l’ordre Jacques de Molay. À la vue de l’ordonnance royale qui justifiait cette rafle, les Templiers se laissèrent emmener sans aucune résistance. À Paris, il sera fait 138 prisonniers, en plus du maître de l’Ordre.

Un scénario identique se déroula au même moment dans toute la France. La plupart des Templiers présents dans les commanderies furent arrêtés. Ils ne firent preuve d’aucune résistance. Quelques-uns réussirent à s’échapper avant ou pendant les arrestations.

Les prisonniers ont été enfermés pour la plupart à Paris, Caen, Rouen et au château de Gisors. Tous leurs biens furent inventoriés et confiés à la garde du Trésor royal. Ceux qui en 1306 avaient recueilli Philippe IV le Bel pendant les émeutes de Paris se retrouvaient maintenant enfermés en attendant leur procès.
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